Madagascar : le cri de détresse d’une jeunesse condamnée
Jeunesse qui vit au jour le jour. Sans perspectives d’avenir, parce qu’on a détruit ses espoirs et volé tous ses rêves. Cet article relate le quotidien d’une jeunesse malagasy à qui on a coupé les ailes.
« Génération Y » ou « Génération 2 euros »
Qui sont les jeunes ? Certains diront que ce sont ceux qui ont entre 18 et 35 ans, d’autres diront que ce sont ceux qui ont 15 à 25 ans et qui sont encore à la recherche de leur identité. Pour moi, ce sont ceux qui sont de la même génération que moi, ou quatre ou cinq ans de plus ou de moins…
Je fais partie de la Génération Y. Ces gens qui sont nés entre 1980 et 1999 et qui possèdent des aptitudes « spéciales » comme ils disent ! https://www.journaldunet.com/management/expert/54153/la-generation-y–une-definition-contextuelle-avant-tout.shtml
Une génération qui gagne entre 5000 et 12 000 Ariary par jour pour la majorité, qui paie des frais de transport moyens de 1000 Ariary par jour et qui mange à 3000 Ariary le plat. Je ne mentionne pas ici ceux qui ont eu la chance de trouver un travail avec un « bon salaire » (1) ou qui ont pu monter leur propre business – chapeau ! Ils constituent une fine partie de la jeunesse et font partie des « leaders ». En revanche, la majeure partie des jeunes « rampe » pour gagner un peu de blé ne se rend même plus compte qu’elle essaie juste de survivre.
Jeunesse torturée
Un exemple général : un jeune de 25 ans se réveille à 5 heures pour aller au boulot – faut penser aux embouteillages – il passe plus de deux heures en bus pour parcourir 4 a 6 kilomètres. Au boulot, il se fait engueuler par son patron pour de multiples raisons. Il n’a droit qu’à une seule pause dans la journée (une heure pour le déjeuner) et doit travailler 8 heures par jour voire même plus. Il sort vers 17 heures 30 et attend un ami à l’arrêt de bus pour « boire un coup ». Il dépense plus de 20 euros dans un bar ou une boîte de nuit. Il rentre – s’il ne se fait pas tabasser en route par des pickpockets – à moitié soul. Il se réveille le lendemain pour revivre la même journée …
Auto-torture, pensons-nous. En effet, mais il y a une certaine part psychologique que je ne saurais omettre. S’il sort la nuit, c’est pour trouver un peu de plaisir, tellement sa vie est misérable. S’il ne sort pas la nuit, il devient fumeur, drogué, ou chasseuse – et chasseur – de « Vazaha » (2). Certains, ne trouvant plus goût à la vie – et cela même si tout à l’air parfait de l’extérieur- se suicident.
Prise de distance et mise à l’écart
Certains choisissent de vivre cette « torture » toute leur vie, car « aleo mihinan-kely toy izay mandry fotsy » (3). D’autres choisissent de prendre « le virage qui tue », la catégorie dont je fais partie. Je ne veux pas vivre pour survivre. Les jeunes comme moi, nous essayons de survivre à notre manière. On prend nos distances car nous nous sentons souvent malmenés. Nous brisons les règles…
Je sais que beaucoup de jeunes pensent comme moi. C’est juste qu’ils n’osent pas le dire. Ben voilà, je l’ai écrit tout haut ! Je suis fan de Tokio Hotel. Dans une de leurs chansons, ils disent « We don’t belong to anyone! » (4). – Ne pas m’étiqueter parce que j’écoute un groupe de rock allemand ! Merci 🙂
Très osé comme attitude, me dit-on. D’accord, mais c’est mieux que votre philosophie « suivre le rangs » alors que tout part déjà à la dérive.
Âmes sensibles, s’abstenir ! Ne jamais lire Tiasy Raconte…
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