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Madagascar : ma plume pour présenter les podcasts du blog Malabary

31. C’est le nombre de podcasts que Sambatra, la fondatrice de Malabary, a publié depuis plus d’un an maintenant. De la culture du riz dans la région d’Alaotra à l’éducation, en passant par l’entrepreneuriat et le voyage, Malabary est un vivier d’histoires et de témoignages. Ce podcast met la lumière sur la culture malagasy, mais aussi sur les malagasy et les étrangers qui ont développé un attachement pour le pays, et qui ont décidé d’entreprendre des actions pour développer la Grande île, qu’ils y résident ou pas. J’ai eu la chance de rencontrer la jeune femme qui a eu la belle idée de créer Malabary. Une rencontre comme on en fait rarement, et qui m’a donné envie d’écrire sur cette âme incroyable, et également sur Malabary. Comme quoi, les grands esprits se rencontrent…

Une rencontre pleine de « good vibes »

J’ai déjà entendu parler de Malabary, il y a quelques mois. Je l’avais découvert grâce à une amie qui a des origines malagasy mais qui a toujours habité en France, et qui avait voulu en savoir plus sur ses racines de la Grande île. Quand je lui ai dit que j’avais un blog qui parlait justement de Madagascar, elle m’a dit que je lui rappelais une amie à elle qui faisait des podcasts très intéressants sur la Grande île également. J’ai donc fait quelques recherches sur Internet et effectivement, la plateforme était très enrichissante.

J’ai pensé à contacter la fondatrice de Malabary, mais entre-temps, je vous avoue que j’ai oublié. My bad !

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Mais comme quoi, le hasard fait bien les choses ! – Bon, façon de parler car je ne crois pas au hasard ! xD – Donc un beau jour, en août dernier, Sambatra, la fondatrice de Malabary, me contacte sur Linkedin, me disant que j’ai été recommandée par une amie – pas la même que la dernière fois, on a des tonnes d’amies communes apparemment, haha. Elle me parle de son blog et me dit qu’elle voudrait échanger avec moi, dans le cadre d’une collaboration. Elle m’a proposé de faire un appel vidéo et bien sûr, j’ai accepté.

Ce furent des échanges inspirants et passionnants. Sambatra est une personne très sympathique, simple, très inspirante et ambitieuse. Bien qu’elle soit née et ait grandi en France, elle a développé un amour plus que touchant pour Madagascar, et elle parle même couramment malgache.

C’est rare de voir ce genre de profil de nos jours. Je vous avoue que j’ai eu un coup de cœur pour cette jeune femme tellement amoureuse de son pays. Elle entreprend des actions pour faire connaître la culture, les entreprises, les initiatives positives qui sont réalisées, et qui fait entendre ces voix au monde entier pour donner une image positive et louable de notre pays.

« Sambatra » signifie « heureux/heureuse » en français, et je trouve que cette jeune femme porte très bien son nom. Elle rayonne, et elle apporte également un rayon de soleil à tous ceux qui écoutent ses productions, qui sont juste magnifiques, riches en connaissances et en émotions.

Elle a un parcours admirable : elle a vécu dans plusieurs pays, suite à des choix personnels : Chili, Inde, Canada, Espagne.

« Aujourd’hui, j’ai l’ambition de faire grandir Malabary pour en faire LE média clé sur l’Histoire et les histoires de Madagascar »,

dit Sambatra.

Un objectif louable, et qui m’a également rappelé que j’ai créé ce blog pour justement parler des facettes de Madagascar et des malagasy que l’on ne connaît pas toujours, tant positifs que négatifs. Et pour une fois, je vous apporte plein de « good vibes » avec Sambatra ! Haha, ça change un peu !

M’voyez, elle a même influé sur mon blog. Dites-lui merci ! xD

Découvrir Malabary

Pour ceux qui veulent donc en savoir plus sur Malabary, c’est un podcast qui parle de Madagascar et des malagasy – de sang ou de coeur – qui ont envie de partager des ondes positives sur le pays et surtout qui s’impliquent pour faire progresser, évoluer le pays vers un avenir meilleur.

Le dernier podcast de Malabary, disponible sur Spotify.

Les invités travaillent et œuvrent dans différents secteurs : voyage, agence marketing, dans constructions, les plantations de manioc, les cultures de riz, de fruits séchés et bien d’autres choses encore.

Malabary a été créé en février 2022 par Sambatra Rabefarinotrona. Elle a choisi le format du podcast pour plusieurs raisons.

D’abord, l’accessibilité. En effet, le podcast est un média qui permet d’être accessible à tous.

Ensuite, la portabilité. Grâce à ce format, on peut effectuer autre chose pendant qu’on écoute. Vous pouvez manger, vous relaxer sur le lit, faire les corvées… Je fais d’ailleurs souvent mes corvées en écoutant des podcasts.

D’autre part, vous avez une immersion totale.

On s’attache à la personnalité et la voix de l’hôte et on se familiarise avec l’univers grâce à tous les sons diffusés »,

Explique Sambatra.

Enfin, c’est un format tendance actuellement. Depuis la pandémie, de plus en plus de personnes écoutent des podcasts sur différentes thématiques.

Malabary se veut accessible par tous et pour tous. Comme Sambatra l’a expliqué, elle avait créé ce podcast car elle avait envie de parler de son pays d’origine de manière positive.

« Cela permet à des non natifs malagasy, des amoureux de Madagascar ou toute personne curieuse de comprendre, qu’à Madagascar, il existe autre chose que la famine, la pauvreté, etc », 

Renforce-t-elle.
Ordinateur et micro / Image par beauty_of_nature de Pixabay

J’avais exactement la même vision en créant le blog de Book News Madagascar, à l’époque. Si vous tapez « Madagascar » sur Google, vous pourrez voir des images de plages paradisiaques, de lémuriens, mais aussi d’enfants affamés victimes du kere, de bennes à ordures, etc. Et justement, Madagascar n’est pas que ça.

Bref, je ne vais pas vous spoiler. Je vous invite à visiter Malabary et à y découvrir les beaux podcasts que Sambatra a produits sur ce beau pays qui a encore beaucoup à offrir. Vous pouvez directement contacter Sambatra pour toute collaboration. Qui sait, vous pourriez être le prochain invité ! 😉


Ma première fois à Fenerive-Est !

Faire le tour de Madagascar a toujours fait partie de mes objectifs. Pour la première fois de ma vie, j’ai visité une destination inhabituelle et dont on ne parle pas beaucoup à Madagascar : Fenerive-Est. Sauvage, naturel, regorgeant de belles plages, de très beaux paysages, mais également d’une eau thermale, il s’agit d’un petit coin de paradis qui possède un énorme potentiel touristique et économique, malheureusement inexploité. Je vous raconte donc ici mes aventures dans ce petit trésor de la région Analanjirofo, Madagascar.

11 heures de route : plus de fatigue que de mal

Bon. Cela fait 7 ans que j’écris sur le voyage et le transport ici, et s’il y a bien une chose qui n’a pas changé : les routes à Madagascar sont toujours aussi mauvaises ! xD Déjà que la destination n’est pas à quatre pâtés de maison, mais avec les routes, cela vous prend un temps fou pour y arriver. J’aurais voulu y aller en avion mais ce n’est pas évident, vu que l’aéroport ne se trouve pas dans la localité mlais plutôt à Sainte-Marie. Puis, rien de mieux que la route pour vivre l’aventure, non ? … (- Non ! Haha)

Fenerive-Est se trouve à 447,5 kilomètres d’Antananarivo, la Capitale, si vous prenez la Route nationale 2 (RN2). Celle-ci passe par Toamasina. Pour cette première fois, j’avais voyagé seule sur la RN2 pendant 8 heures – la route est également horrible, puis j’ai passé une nuit à Toamasina, chez ma meilleure amie, et également organisatrice de l’évènement à travers son entreprise Business Outing, Adrienne Irma Rabemanantsoa, avant de partir pour Fenerive-Est le lendemain. C’était un vendredi, quand nous sommes partis pour Fenerive.

Adrienne Irma Rabemanantsoa, organisatrice du voyage, fondatrice de Business Outing et ma meilleure amie, moi, sur la plage de La Piscine. cc: Une amie

Une fois à la gare routière, j’ai bien réalisé que j’étais bien à Madagascar, le pays du « moramora ». Des receveurs qui crient de partout, des voitures qui vous font penser qu’elles vont se démonter et tomber en panne d’un moment à l’autre, des personnes qui vous prennent vos valises en vous forçant à monter dans leurs taxi-brousses, les marchands ambulants… Ah, ça par contre, je ne m’y habituerai jamais !

La dame qui était avec nous et qui était l’ « adulte de service », nous a ordonné de bien rester dans le bajaj en attendant qu’elle trouve un taxi-brousse. Elle nous en a finalement trouvé un, et nous sommes montés dedans, en prévoyant de payer une place en trop car on ne voulait pas être serrés comme des sardines jusqu’à l’arrivée, les places étant prévus pour 4 par banquette.

Sauf que voilà, juste après une heure de route, la porte droite et le pneu de notre taxi-brousse e sont détachés et nous avons dû attendre une nouvelle voiture… Ces voitures peuvent se démonter à tout moment je vous dis !

Fenerive-Est
Le taxi-brousse qui devait nous emmener à Fenerive-Est. Cc : Tiasy

Nous sommes arrivés à 20h30 à Fenerive-Est, si on devait arriver à 18 heures, complètement fatigués. Heureusement, il y a eu plus de fatigue que de mal, et j’avais hâte de bénéficier d’une bonne nuit de sommeil dans mon beau lit, dans ma belle chambre au Black Star. C’était le nom de l’hôtel dans lequel on était hébergé.

Fenerive-Est : un potentiel inexploité

Une chose surprenante à Fenerive-Est : il n’y a pas encore de grands hôtels luxueux. La plupart des hôtels sont classés entre une et 2 étoiles. Sinon, vous avez plein de bungalows et de maisons d’hôtes, qui ne sont pas chers et de bonne qualité.

L’hôtel dans lequel on était figurait parmi les meilleures de la ville, donc vous pouvez imaginer le potentiel à exploiter.

En ce qui concerne les plages, celles-ci font partie des plus belles que j’aie vu, à Madagascar comme dans le monde. Je les classerai en troisième de celles que j’ai vu, après Nosy Be et Mahajanga. Oui, je préfère les plages de Fenerive-Est à celles de Foulpointe. Elles sont propres, calmes, avec des paysages paradisiaques, il n’y a pas beaucoup de monde, et l’eau est juste très bonne. Le seul petit hic : elles sont toutes assez loin de la ville, et les routes ne sont pas des plus accessibles. Nous sommes allés visiter trois plages différentes durant notre séjour : celle de Sahorana, celle qu’ils appellent « La Piscine », et la plage Lakato.

A Lakato, vous pouvez admirer la rencontre de la mer et de l’eau douce. Et le sable est juste magnifique. Ce fut ma plage préférée. En plus, c’est la plage où les pêcheurs de la ville font leurs activités, du coup, vous pourrez admirer les « lakana »(1) ainsi que les grosses crabes, anguilles, molusques, etc, qu’ils viennent de pêcher, et même prendre des photos.

Fenerive-Est
La plage de Lakato. cc: Tiasy

En général, la ville est assez calme. Il n’y a pas grand-chose, mis à part des restaurants, quelques karaokés et quelques discothèques.

Manque d’engagement et de volonté

En tout cas, le potentiel touristique et économique y est. Ce qu’il manque, à mon avis, c’est l’engagement et la volonté des dirigeants politiques, mais également de la population.

@digitalnomadbytiasy

I spent three days in the North Eastern of Madagascar, in Fenerive Est. A real unexploited treasure. Still wild, natural, cut from the modernity of this world. A place you should visit once in your life. ☺❤ #tiktok #tiktokmadagascar #malagasygirl #digitalnomad #digitalnomadlife #digitalnomadbytiasy #blogging #trip #travel #journalism #journalist #ceo #ceolife #madagascar #feneriveest #poussepousse #bajaj #sea #beach #atsinanana

♬ Session Mangaliba (Maestro Marcelo Mix) – Hazolahy

En effet, à part le mental du « moramora », qui est également un mindset que je remarque dans plusieurs autres Provinces, les habitants de Fenerive-Est manquent de professionnalisme et de conscience de la responsabilité. Par exemple, lorsque vous demandez à des locaux de vous aider, ils acceptent, et ensuite, le jour J, ils ne viennent pas, ne s’excusent pas, et si vous ne les appelez pas, ils se terreront là où ils sont. Et c’est arrivé plusieurs fois. Je soupçonne aussi qu’ils ne savent pas dire non quand on leur demande des services ou des prestations. Ce qui est malheureusement un problème culturel dans la Grande île.

Sinon, côté météo, comme toutes les localités du Nord-Est, Fenerive laisse alterner soleil et pluie, avec une température ambiante entre 24 et 30°C. Pas assez chaud pour moi qui suis de nature super frileuse mais, pour des vacanciers au système normal, c’est la température idéale pour se baigner et bronzer au soleil.

En ce qui concerne le coût de la vie, c’est également à peu près le même qu’à Toamasina. Une course en bajaj coûte entre 1000 et 1500 Ariary en ville, et entre 2 000 et 3 000 si vous allez un peu plus loin. Les plats de restaurants varient entre 3 000 et 20 000 Ariary, passant de « vary sy laoka »(2) à pizzas, mine-sao, tacos, etc…

En tout cas, si vous me demandez quelle ville je préfère à l’Est de Madagascar, je dirai Fenerive, à partir de maintenant. Notre cher Président voulait tant transformer Toamasina en Miami, alors qu’il y avait un vrai Miami juste à côté !

D’ailleurs, en passant, je repars pour ce petit paradis dans trois jours, avec mon équipe à l’agence digitale que j’ai créée : Book News Madagascar. Nous allons y donner des formations en digital et également prendre quelques vacances. Si vous voulez venir avec nous, vous pouvez me contacter directement. Ou si vous voulez voyager partout ailleurs. En effet, je suis en train de me reconvertir dans le tourisme et le travel counseling. Vous en saurez beaucoup plus très bientôt.

(1) « lakana » : terme utilisé pour les pirogues artisanaux malgaches

(2) « vary sy laoka » : issu de la combinaison de deux termes malgaches : « vary », pour désigner le riz, et « laoka », pour désigner le deuxième élément indispensable à la cuisine traditionnelle malgache, comme le poisson, la volaille, les viandes de zébu, de bœuf ou de porc, et bien d’autres)


Madagascar : le festival « Havatse » pour contrer les stéréotypes autour du tatouage

« Je voudrais bien me tatouer mais j’ai peur qu’on me juge ». On a déjà tous entendu – ou même dit – ces mots de personnes que l’on connaissait. En effet, certaines sociétés sont très accusatrices, et la société malagasy en fait partie. A Madagascar, comme dans de nombreux pays à travers le monde, les personnes tatouées sont encore sujettes à de nombreux stéréotypes. C’est justement pour faire tomber ces stéréotypes que Sleeping Pop, artiste et tatoueuse, a décidé de lancer le premier festival dédié aux amateurs et passionnés de tatouage, à Madagascar. Étant moi-même une personne tatouée et une grande passionnée de ces tampons que l’on met sur notre beau corps, je ne pouvais tout simplement pas faire l’impasse sur ce sujet : le festival Havatse ou Dago Tattoo Fest.

L’encre dans ma peau

Bon, je ne vais pas exagérer. Contrairement à ce que les personnes tatouées racontent au quotidien, personnellement, je ne suis pas trop sujette aux jugements, critiques et stéréotypes sur les personnes tatouées. Et pourtant, j’en ai deux : un à la nuque et un sur l’avant-bras.

Celui à la nuque représente un attrape rêves. Je suis une grande fan d’attrape rêves et de la culture amérindienne, depuis ma plus tendre enfance. Il paraît que les attrape rêves, d’origine amérindienne, de la tribu Ojibwe, étaient traditionnellement utilisés comme des talismans. Leur but était de protéger les dormeurs, et en particulier les enfants, des mauvais rêves, des cauchemars et des mauvais esprits. Par extension, j’ai décidé de me faire tatouer pour également éloigner les mauvais rêves et les mauvais esprits, et ainsi n’attirer que les ondes positives dans ma vie de tous les jours.

Mon tatouage à la nuque : un attrape rêves, réalisé en 2020. CC Tsiky Pictures

Le second tatouage se trouve sur mon avant-bras. C’est une écriture : « Wanderlust ». Un terme allemand qui désigne le désir de voyager, de flâner. Ma deuxième plus grande passion, à part l’écriture, c’est le voyage. Je rêve de pouvoir gagner ma vie en voyageant à travers le monde tout en écrivant, et de faire le tour du monde, en mode nomade. C’est une des raisons pour laquelle j’ai également commencé mon blog de voyage en 2022. Et c’est ainsi que j’ai décidé de marquer tout ça en me tatouant ce terme, avec un cœur et un avion en décoration.

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Mon tatouage à l’avant-bras, « Wanderlust », réalisé en 2023. CC Tiasy

L’image des personnes tatouées à Madagascar

Donc comme vous le voyez, chaque tatouage a son histoire, et chaque personne tatouée vous le confirmera. Et bien sûr, les « judgemental people » ne le comprennent pas et ne le voient pas de cet œil, et à Madagascar, les stéréotypes sur les personnes tatouées sont encore très forts, bien que je n’en sois pas trop l’objet, comme je vous l’ai dit plus haut. Toutefois, il faut quand même que je vous explique de quoi il en retourne, en général. À Madagascar, en général, il y a deux types de stéréotypes : ceux sur les personnes tatouées, et ceux sur les tatoueurs.

Pour la première catégorie, on vous qualifiera donc de personne « maditra » (1) et mal élevéeque vous soyez un homme ou une femme. Pour une femme, à cela s’ajoute « dévergondée ». Oui, toutes les femmes qui sortent du lot sont dévergondées dans ce pays… !

Vous serez également étiqueté comme celui ou celle qui n’ira jamais au paradis, vu que la majorité des gens sont chrétiens, donc en référence à une versée biblique. Et vous serez également jugé comme audacieux, ce qui est bien ! Plus c’est grand, plus c’est courageux ! Haha. La fameuse question qui revient souvent pour une personne tatouée : « Ça n’a pas fait mal ? » Pour ma part, si je pouvais recevoir de l’argent à chaque fois qu’on m’avait posé la question, je serai millionnaire. Et je réponds toujours « Non ! », car ça n’a vraiment pas fait mal, ni pour le premier, ni pour le deuxième. Je suis une personne qui a une très forte tolérance à la douleur, du coup, je ne ressens la douleur que si celle-ci est très intense.

Tatoueur(se), un vrai métier ?

Si vous êtes tatoueur(se), vous passerez non seulement pour un(e) maditra, une personne qui pousse les gens vers l’enfer, et un chômeur. Car oui, être un tatoueur n’est pas censé être un métier à Madagascar, et vos proches se feront un plaisir de vous le rappeler à chaque fois.

« Ah bon, tu tatoues des gens ? Mais tu fais bien quelque chose à part ça, non ? »

« Ah bon, ça rapporte de l’argent ? »

Vous serez souvent sujet à ce genre de remarques. Pourtant, le métier de tatoueur est un métier qui rapporte, et beaucoup de croyants se font d’ailleurs tatouer.

« 40% de mes clients sont chrétiens… Et ils se tatouent des messages bibliques ou des affirmations de leurs religions… Je n’ai pas peur de les affronter car il n’y a ni guerre ni bataille. Il y a juste des personnes qui veulent magnifier leurs corps… Et le reste suivra », 

Raconte Sleeping Pop, organisatrice de l’évènement, artiste et tatoueuse.

Et justement, le festival Havatse ou Dago Tattoo Fest vise les professionnels du milieu, mais également les curieux.

Festival Havatse : le premier rassemblement des professionnels du tatouage

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La rencontre d’informations a eu lieu à La Teinturerie Ampasanimalo, le 27 mai dernier. cc: Facebook/Havatse

Le festival Havatse ou Dago Tattoo Fest se déroulera le 2 juillet 2023 au Comptoir des artistes, géré par la Teinturerie Ampasanimalo. « Le choix de l’endroit a été évident, vu que nous revendiquons le professionnalisme, c’est l’endroit le plus reconnu dans le secteur culturel de la capitale », explique Sleeping Pop. Il s’agit de la première édition.

« C’est le premier rassemblement des professionnels du tatouage à Madagascar et d’ailleurs, car nous avons reçu des inscriptions des îles voisines depuis l’appel à participation d’hier. C’était le but d’ailleurs : un rassemblement international sur le métier d tatouage. À par une grande table ronde de la situation du tatouage malgache, c’est pour faire connaître ce métier tant enfermé dans divers stéréotypes que je trouve mal placé », 

Argumente l’organisatrice.

L’évènement cible donc les professionnels du tatouage, les adeptes du tatouage qui augmentent de jour en jour, mais surtout les curieux et le grand public. C’est un évènement qui a pour objectif de faire tomber les stéréotypes.

En effet, Madagascar, comme les pays de la Polynésie, le Japon ou les Philippines, a une culture traditionnelle très ancrée. Les organisateurs estiment ainsi que le festival sera un moyen de mettre la lumière sur ce phénomène mondial, très pratiqué dans le pays, et qui permettra une plus grande ouverture d’esprit des non-adeptes.

« Moi particulièrement, je promeus le tatouage thérapie, qui attire de plus en plus de personnes qui ne pensaient jamais se tatouer. C’est une rencontre de tous les genres et de toutes les catégories de personnes qui souhaitent découvrir et redécouvrir cette activité », 

raconte Sleeping Pop.

Un programme original, favorable aux découvertes et échanges

Le festival propose un programme très créatif et original : des stations de tatouages ouverts au public ; des concours, dont notamment celui du meilleur tatoueur, Miss et Mister Tattoo ; le prix du public et le prix de la meilleure créativité.

Une urne pour Women Break The Silence, mouvement de lutte contre la culture du viol à Madagascar, sera également disposée pour ceux qui veulent participer à une aide financière. Les fonds seront versés pour soutenir les victimes de viols. A part cela, un espace de jeu pour les attentes par une association qui crée des jeux de société malgaches sera sur place.

La journée sera clôturée par un concert, et tout cela en synchronisation avec la clôture des 10 ans de la Kolo TV et l’émission artistique Kolots’art.

Actuellement, un appel à participation est ouvert aux tatoueurs, pour les stations de tatouage, le concours du meilleur tatoueur et de la meilleure créativité. Un autre est également disponible pour ceux qui veulent participer au concours de Miss et Mister Tattoo. 

Une initiative née d’une passion

Je voudrais souligner que le festival Havatse est né de la passion de deux tatoueurs malagasy : Sleeping Pop et Zed Tattooink.

Actuellement, l’évènement compte comme partenaires : La teinturerie, Le comptoir des artistes, Air Communication, Gasy Metalhead, This body is mine, Stylish people, Sokany, Paositra malagasy, Armis Barbershop, Mousseux sy mandam’, Alt’istik, Kmec Blender, Pop Art Tattoo et Thamus Tattoo Artist.

Un festival qui promet d’être grandiose. Personnellement, j’ai hâte d’y être ! Je pourrai même participer au concours Miss et Mister Tattoo… XD

(1)« maditra »: terme malagasy pour désigner quelqu’un d’obstinément têtu, mal élevé, ou parfois ayant une attitude de délinquant


Démystifier les « mpivoaka alina » à Madagascar

« Mpivoaka alina » ou « quelqu’un qui sort la nuit ». Voilà une expression qui vous classera parmi les « mauvaises personnes » de la société, à Madagascar. Vous serez vite étiqueté, notamment si vous êtes une femme, de quelqu’un de mal élevé, mal poli, une pécheresse, une vraie dévergondée, et j’en passe.

Bref, pour sortir la nuit à Madagascar, il faut déjà une grande force mentale et essayer de ne pas trop penser à ce que la société va penser de vous. Et bien sûr, une fois que vous aurez essayé, vous comprendrez que ce n’est pas si horrible, et qu’en fait, il n’y a rien de mal à sortir la nuit. Comme je sors souvent de nuit, j’ai décidé de raconter un peu, de mon point de vue de jeune, mais aussi de femme, ce qui se passe en boîte, en karaoké, entre amis, en familles, souvent entre jeunes, ou, qui sait, en solo, et de démystifier ce regard que la société porte sur les virées nocturnes à Madagascar.

Crédit photo : Maurício Mascaro pour Pexels

Le « mythe » qui perdure

De mes souvenirs, dans mon pays, les « mpivoaka alina » ont toujours été vus comme de mauvaises personnes. Les raisons à cela sont multiples. Déjà, de base, à l’époque des discos et autres lieux de festivité en tout genre, dans les années 1970-80, les jeunes qui sortaient – donc nos parents – étaient mal vus par la société, à cause de la nouvelle atmosphère véhiculée par la mondialisation. Les paroles de chansons, les films, les mouvements de danses, les boissons alcooliques qui étaient bus à l’époque, contrastaient beaucoup avec les mœurs malagasy. La majorité des parents de l’époque avait donc interdit à leurs enfants à sortir la nuit, et à sortir tout court.

Plus tard, l’insécurité s’est également installée, notamment dans les grandes villes du pays. Petit-à-petit est né un traumatisme, une certaine psychose, qui a été véhiculée de génération en génération, créant ainsi un mythe au sein de la société. Dans les années 2000, les discos ont laissé la place aux boîtes de nuit géantes. Ces deux termes étant utilisés différemment selon la connotation et l’époque.

Je me souviens que vers 2006, les boîtes de nuit ont été réputées pour être le lieu de viol collectif, de consommation de drogue et de boissons alcoolisées sans modération, de culte de secte satanique. J’étais encore au collège à l’époque, et je me souviens que plusieurs boîtes ont même été fermées par les autorités pour avoir été le théâtre de ce genre d’actions pas très… catholiques, à part le fait que les jeunes étaient réputés pour rentrer ivres morts après une sortie dehors la nuit. Quand j’avais obtenu mon Baccalauréat, en 2012, toutes les boîtes de nuit populaires avaient fermé leurs portes. Ce qui m’a rendu bien triste car je voulais enfin expérimenter ! xD

« Les boîtes de nuit été le lieu de viol collectif, de consommation de drogue et de boissons alcoolisées sans modération, de culte de secte satanique. »

C’est donc ce petit historique qui justifie le mythe de la mauvaise fille ou du mauvais garçon qui sort en boîte, aujourd’hui. Un mythe qui perdure, d’autant plus que les boîtes de nuit et autres lieux de divertissement de nuit, notamment les karaokés et les lounge-bars, ont une image toujours aussi négative, à cause des mêmes raisons citées plus haut (sauf le culte satanique xD).

Le vrai VS le faux

Je vais vous ramener à la réalité et vous raconter ce qui se passe réellement pendant les virées nocturnes. Après quelques années d’expérience de virées nocturnes, je pense pouvoir être capable de vous parler en détails de ce qui est vrai, et surtout de ce qui et FAUX, dans les boîtes, les karaokés, les lounges, etc.

mpivoaka alina
Ma meilleure amie Adrienne et moi, à la soirée Acoustic de Sparkular Event. cc: Adrienne

Donc déjà, je dois absolument corriger cette vision selon laquelle « sortir la nuit » signifie forcément « boire et se saouler ». En effet, l’image du jeune ivre mort à la sortie des boîtes de nuit est tellement ancrée dans la tête de la majorité des gens que dès que l’on prononce le mot « hivoaka alina », tout le monde a les poils qui se hérissent. Mais une virée nocturne ne rime pas forcément avec beuverie et alcool.

« Sortir, la nuit ou le jour, est avant tout un loisir comme tout un autre. C’est le timing qui diffère. »

La vérité : personne ne va obliger personne à boire si cela n’est pas sa volonté. Sortir, la nuit ou le jour, est avant tout un loisir comme tout un autre. C’est le timing qui diffère. Ainsi, n’importe qui peut sortir la nuit sans se saouler, s’il ne veut pas, et n’importe qui peut sortir le jour et se saouler, s’il le veut. Tout comme les autres divertissements qui sont proposés : chicha, cigarette, karaoké, billard, etc, les boissons, alcooliques ou non, sont également au choix.

La peur de l’influence contribue à renforcer le mythe réside. Les parents, ou toute autre personne qui croit au mythe des « mpivoaka alina », ont peur de l’influence que les « mauvaises personnes » ou l’ambiance, vont apporter à leurs enfants, ou à leurs proches. Cela est tout-à-fait valide, mais cela ne justifie pas un mythe, et encore moins le fait de dire du mal des loisirs d’autrui.

Et d’ailleurs, plusieurs idées reçues sont fausses. Des personnes un peu psychopathes pensent de la sorte, mais ce n’est pas forcément vrai. Comme le fait que :

  • Sortir la nuit signifie draguer ou se faire draguer
  • Il faut absolument se saouler ou au moins « boire »
  • Il faut être plein aux as. Ah, ça par contre ! Je me souviens, avec une de mes meilleures amies qui a rejoint les étoiles, on faisant un calcul pour dépenser au maximum 20 000 Ariary chacune, ce qui nous faisait un budget commun de 40 000 Ariary, et on rentrait encore avec des sous en poche
  • Il faut se faire belle/beau. Oui, c’est vrai que certains lieux exigent des dress code, à l’exemple des boîtes de nuit, mais ce n’est pas forcément le cas. Vous pouvez venir dans un lounge-bar avec un jogging, personne ne va vous calculer.
  • Il faut « mitondra mody » : pour certains hommes, le but de sortir, notamment en boîte de nuit, est de trouver une femme à mettre dans son lit. Chers hommes, sachez que certaines femmes (comme moi), vont en boîte pour danses, parce qu’on n’aime ça. On ne veut pas d’une personne à moitié-saoule qui va nous faire les yeux doux et danser derrière nous pendant trois heures !
  • Il faut danser : pour certains, la raison pour laquelle ils refusent d’aller en boîte de nuit même s’ils en ont envie est parce qu’on leur a dit qu’il faut danser. C’est faux ! Vous pouvez littéralement vous asseoir et regarder les autres danser tout en buvant votre boisson préférée. Même s’il s’agit d’une boîte de nuit, danser n’est pas obligatoire. Par contre, consommer, si !
  • Il faut chanter : comme pour les boîtes, pour certains, aller en karaoké signifie également qu’il faut absolument chanter. Cela est également faux ! Un peu contradictoire, mais faux. Vous pouvez aussi vous asseoir et regarder ou écouter les autres chanter, tant que vous consommez.

Il y a plein d’idées reçues sur les virées nocturnes. J’ai voulu aider en les mettant en avant afin de démystifier le « monde de la nuit ». Et je vais vous raconter ce qui se passe dans ces lieux réputés pour les soirées.

Ce qui se passe vraiment

Donc déjà, quand vous sortez la nuit, un des grands challenges dans la Grande île est l’insécurité. Pour sortir, il faudra s’assurer d’un mode de transport safe, surtout si vous sortez au-delà de 20 heures, car il n’y aura plus de bus. Vous pourrez bien sûr trouver des taxis mais ils vont taxer chers. Déjà, il est sûr qu’il faudra prendre un taxi pour le retour, sauf si vous avez une voiture personnelle ou si vous planifiez de dormir dans un hôtel à côté du lieu de divertissement.

Crédit photo : Rudy and Peter Skitterians de Pixabay

Souvent, si vous arrivez avant 19 heures, ce qui est tôt, vous pourrez encore avoir une bonne place, sauf s’il s’agit d’un évènement spécial. Si vous allez en boîte, vous devrez faire face au vigile qui se tient à l’entrée. Selon son humeur, il peut vous laisser entrer… ou pas. Cela n’est pas un mythe, malheureusement. xD Mais souvent, il vous recale parce que vous ne respectez pas le dress code ou à cause d’un évènement spécial où vous n’êtes pas sensé venir sans invitation. Et souvent, les femmes ne se font jamais recaler. xD Pas à Madagascar en tout cas !

A l’intérieur, vous pourrez commander en paix, la musique n’est pas encore très bruyante, et les gens sont loin d’avoir l’air de sortir tout droit de l’abîme des enfers, avec un air de démon, de soûlard ou de gros pervers, au cas où vous vous demandez. xD Il se peut même y verrez de tout : des gens extravertis, des gens introvertis, des bavards, des blagueurs, des pervers narcissiques, des entrepreneurs, des grosses cadres d’entreprises, des artistes, etc. Bref, comme dans tous les lieux du monde.

« Vous y rencontrerez des extravertis, des introvertis, des bavards, des blagueurs, des pervers narcissiques, des artistes… »

Vous pouvez rentrer quand vous voulez, tôt, tard. Seul petit bémol, encore une fois : le transport. Si vous êtes une femme, assurez-vous de vous faire raccompagner.

Pour tous les goûts

Les lieux de divertissement à Madagascar sont nombreux et très diversifiés, notamment à Antananarivo. Vous avez le choix entre le lieu, l’ambiance, le budget, ou encore le menu. Personnellement, je suis une grande adepte des boîtes de nuit chics, avec dress code, cocktail mojito ou monaco, et musique latine ou africaine. Toutefois, je suis ouverte à toutes les propositions.

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Martinah et Jonathan Sands, les artistes qui ont animé la soirée Acoustic organisée par Sparkular Event, et moi.
Crédit photo : Sparkular Event

D’ailleurs, récemment, j’ai eu la chance d’être invitée à la soirée Acoustic organisée par une nouvelle agence évènementielle Sparkular Event. C’était ma première soirée Acoustic et j’étais ravie d’y avoir été présente, d’autant plus que c’était leur premier évènement. Une soirée qui a retracé en musique des bandes annonces de films et de dessins animés, chantés par Jonathan Sands et Tahiana Martinah. De jeunes artistes avec une carrière en plein décollage.

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Odinah, la fondatrice de Sparkular Event, et moi. cc: Sparkular Event

La soirée a eu lieu à l’IKM Antsahavola. Le nom « Sparkular » illustre l’étincelle, car en effet, l’agence brille parmi tant d’autres, malgré la concurrence. Sa vision : offrir des prestations de qualité, moderne et à prix abordable à tous.

En tout cas, si vous souhaitez sortir la nuit ou organiser un évènement en soirée, vous savez maintenant que cela est tout-à-fait possible et moins sombre que ce que l’on raconte. Alors, allez vous faire plaisir ! 🙂


Le monde, Madagascar et « malagasy » – Ce sentiment de LBP ! – Partie 1

« Ça ne va pas aller, je le sens ! », « Ça ne va pas accrocher, je te dis ! ». C’est ce qu’Asuka, l’une des personnes dans ma tête, la plus têtue et la plus pessimiste d’entre toutes, ne cessait de me répéter, pendant que je cherchais un titre à cet article. Pire qu’elle, je ne vois pas. Toutefois, j’ai quand même décidé de l’écrire, et d’arborer le sigle LBP dans le titre pour manifester tout ce ras-le-bol. Parce que, figurez-vous que ce sigle signifie en malgache « Leo Be P*** ». Je ne peux pas écrire le dernier mot, vu que c’est un mot très irrespectueux et que je respecte mes lecteurs, ainsi que toute la communauté Internet – sauf ceux de Twitter qui ont eu l’audace de me faire un cyberbullying en public, mais pas assez pour utiliser de vrais comptes.

Bref, ce sigle est le mieux adapté à la situation actuelle, je pense. Entre la Covid-19, le vaccin, les humains qui perdent de plus en plus de leur humanité, les humains « malagasy » qui croient tout connaître, les humains malgaches qui, eux aussi, croient tout connaître, le monde de l’entrepreneuriat à Madagascar qui donne envie de se suicider, le fait de vivre seule ou de ne pas vivre seule, les routes, la pluie, la Jirama… Oui, je me sens LBP. Et quoi de mieux que de faire un billet sur l’elbépéité !

Covid-19 : deux issues !

J’aurais voulu commencer cette année avec un article réjouissant, comme celui de l’année dernière. Malheureusement, j’aurais beau essayé, je ne vois pas trop de choses positives qui se passent actuellement, dans le monde comme dans le pays. Résultat : vous allez devoir supporter mon cynisme et mes confessions de bipolaire dans cet article !

C’est dans ma chambre, fraîchement peinte en rose saumon, l’ordinateur sur mes pieds croisés, mon corps adossé contre la tête du lit, que je vais d’abord vous parler de la Covid-19. J’imagine en effet que je ne suis pas la seule à en avoir marre de cette maladie. LBP. Mais même si on se sent LBP, il n’y a rien à faire ! Cette maladie semble vouloir rester et, spécialement à Madagascar, j’ai l’impression horrible qu’elle va s’éterniser. Une petite analyse que j’ai faite dans cette chambre m’a permis de tirer la conclusion suivante : à Madagascar, il n’y aura que deux issues. Soit le virus va provoquer une véritable hécatombe comme dans plein d’autres pays dans les mois et années à venir – ce que l’on ne souhaite pas – soit il finira par faire partie du quotidien des Malagasy comme un petit rhume, une grippe, un petit paludisme… Bon, comme on est LBP, on souhaiterait qu’il disparaisse, mais les chances sont minces. Et malheureusement, et en toute objectivité, je ne pense pas qu’un vaccin pourra vaincre cette maladie, ici ou ailleurs. Il ne s’agit pas de vaccin, il s’agit plutôt du système immunitaire de chacun, et je m’arrête là car on va me traiter d’antivax et j’ai de meilleurs problèmes à raconter. D’autant plus que cette histoire de vaccin, on l’entend tous les jours, et plus on en parle plus la situation se détériore. Bref, les mots « vaccin » et « covid-19 » me hérissent les poils. Et quand vous vivez dans un pays comme Madagascar où même la prononciation en français de la nationalité, « malgache » ou « malagasy », pose problème à la population, dont notamment la partie qui a découvert depuis deux ou trois ans les « trésors » de Facebook, vous pouvez vous attendre à un tas de « sensibilisations à travers des connaissances » ou encore à des campagnes massives antivax par des malgaches et des malagasy qui croient tous qu’ils détiennent la connaissance.

What the fuck? cc: https://tenor.com/

Et je ne parle pas que de la Covid-19 mais aussi de plein de maux de la société qui, en réalité, viennent plus de notre culture ou de notre inculture, de nos traditions mais aussi de celles des autres que l’on copie bêtement, d’une paresse intellectuelle sans pareille, du sens du « tia tia kely » (1), de l’habitude du « miandry fa gasy », du « mindset », que des dirigeants eux-mêmes.

Société malgache : presque sans issue

Il faut l’avouer. Quand une famille pense plus à comment échapper au ridicule et à la honte d’avoir une parente enceinte avant le mariage plutôt qu’à comment et avec quel argent cette jeune femme et son mari vont organiser leur mariage, ou vivre et faire vivre leurs enfants, on voit déjà très bien que le parcours de cette famille ne sera nullement glorieuse. D’ailleurs, toute personne s’opposant à cette façon de voir les choses sera traitée de « rebelle », « ratsy taiza » (2), de personne reniant les traditions et coutumes malagasy, de manao « fiainam-bazaha » (3), et j’en passe. Oui, je parle de mon vécu, mais aussi de ceux des autres, car oui, je fais partie de ces personnes et je ne souhaite nullement changer. Je ne peux pas rester dans les rangs juste pour satisfaire la société ainsi que quelques malheureux corrompus. La société malgache est malade, et je suis LBP.

Cet exemple n’en est qu’un parmi tant d’autres. Je pourrais citer toutes les actions que l’on fait au nom du « fihavanana », qui est surtout un bon moyen d’être hypocrite, car nos « havana » (4) sont surtout des « ory hava-manana », (5), des sangsues et des flemmards qui nous considèrent comme leur « havana » uniquement à cause de ces besoins que l’on peut combler. Ceci ne minimise aucunement le fait qu’une bonne action en est toujours une, ceci est juste économiquement dévastateur dans le sens où toutes nos ressources financières et matérielles qui sont censées contribuer au développement d’une communauté faisant des efforts pour le développement vont faire une communauté qui pompe ces ressources, mais également, pompe nos ressources intellectuelles et contribue à petit feu à une destruction psychologique. Ceci ne signifie par qu’il ne faut pas aider son « havana » car, si l’on prend l’exemple des Indiens et des Chinois, au contraire, entre membres de la famille, ils s’entraident beaucoup, en utilisant leur cerveau comme premier instrument d’analyse, et non leur cœur comme instrument d’hypocrisie.

Tout cela dit, j’ai évolué. Je ne suis plus à un stade où je crois encore que l’on peut apporter un changement à grande échelle. Je suis à un stade où j’en ai marre et où je pense finalement qu’il n’y a rien à faire, à part juste tenir ses convictions et principes et avancer seule. Car, en vérité, je ne peux pas tirer les gens pour aller plus haut si je ne vais pas plus haut d’abord. Toutefois, on peut aussi regarder les gens de haut tout en allant plus haut d’abord. Mais j’opte pour la première alternative. L’entrepreneuriat m’aura au moins appris ça.

Entreprendre : un parcours meurtrier

J’ai spécialement choisi le terme « meurtrier », et non « du combattant ». Pourquoi ? Parce que le monde du business est sans pitié, et que l’on peut littéralement en sortir mourant. Cela fera quatre ans cette année que j’ai créé mon agence digitale Book News Madagascar. Au début, je croyais encore à l’humanité. […]

à suivre…

(1) « tia tia kely »: expression malgache pour illustrer cette façon de vouloir avoir un peu d’argent, un peu de bénéfice minimum, de tout service rendue, toute opportunité obtenue, toute faveur; une forme de mini-corruption

(2) « ratsy taiza »: expression malgache pour dire « mal élevée »

(3) « fiainam-bazaha »: combinaison de deux termes malgaches: « fiainana », pour dire « vie », et « vazaha », argot malagasy pour dire « étranger », notamment les étrangers à la peau blanche. « Fiainam-bazaha » signifie donc « vie d’étranger », pour illustrer la vie des Malagasy ne suivant pas les normes de la société malagasy: études, travail, mariage et enfant

(4) « havana »: mot malgache pour désigner les membres de la famille

(5) « ory hava-manana »: expression malgache pour désigner cette attitude de jalousie à l’égard de quelqu’un qui a du succès, notamment si c’est un membre de la famille


À l’association Feoko, je découvre les petites pousses de Felana Maitso

Depuis toute petite, j’éprouve un pincement au cœur quand je vois des enfants en situation de précarité ou de handicap. Que ce soit dans les rues, dans les églises, dans les orphelinats et autres centres dédiés aux enfants se trouvant en difficulté, j’ai facilement la larme à l’œil. C’est une des raisons pour laquelle j’ai arrêté le bénévolat, les associations, le journalisme social aussi… Ces enfants reflètent trop la pauvreté, la vulnérabilité, la violence de la vie, mais aussi la méchanceté de l’homme… Mais, sous un autre angle, on peut aussi voir l’humanité, la beauté humaine, la simplicité de la vie, le bonheur dans son plus simple état, à travers ces enfants. Et c’est ce que j’ai vu, chez les petites pousses du centre Felana Maitso, dimanche dernier.

Le bonheur dans son plus simple appareil

J’aime écrire sur les personnes qui sourient, qui croquent la vie à pleines dents, qui savourent leur bonheur, qui donnent de l’importance à l’instant présent. Je pourrai faire ça toute ma vie. Cela m’inspire et me motive à vivre, à continuer ce que je fais chaque jour, à aller à Itaosy, un des quartiers que je déteste le plus à Antananarivo, la Capitale de Madagascar, haha !

Oui, ceci est très important car, pour la première fois de ma vie, je suis allée à Itaosy Ambohimamory, un village – si on peut appeler ça un village – situé dans la partie ouest de la grande ville d’Antananarivo. Je connaissais Itaosy Hopitaly, Itaosy Cité, mais pas celui-là, non ! C’est une première ! Pour y aller, on prend le bus 133 à Ambodifilao, qui va à Itaosy Ambohimamory. Heureusement, c’était un dimanche, donc pas trop d’embouteillages.

En fait, j’avais été invitée par l’association Feoko pour couvrir le gala de charité de Felana Maitso, un centre qui prend en charge les enfants en situation de précarité. C’est ainsi que j’ai pu voir 24 merveilleuses petites personnes – elles étaient vraiment petites, genre plus petites que moi – danser, faire du théâtre, ou encore du slam.

Très timides, mais avec un sourire au visage que je ne saurais décrire, montrant à quel point ils étaient heureux de montrer le fruit de leur apprentissage depuis le mois de décembre dernier, guidés par les formateurs de l’association Feoko, initiatrice de ce programme d’accompagnement des enfants au sein de Felana Maitso. Un bonheur à l’état pur, dans le plus simples appareil, affiché par ces enfants qui ne demandent en fait qu’à pouvoir apprendre, jouer et bénéficier des plus simples plaisirs de la vie : manger, dormir, et s’amuser.

En effet, chez Felana Maitso, ce n’est pas toujours rose, comme l’a expliqué Ranivoharizaka Tiana Lalao Patricia, assistante sociale au sein de centre, notamment pendant la période des vacances, c’est-à-dire du mois de juillet au mois de septembre.

« Ils n’ont pas grand-chose à faire durant les grandes vacances. Ils ne demandent pas grand-chose. Juste pouvoir s’amuser et jouer. Bien sûr, ils jouent entre eux, mais comme tous les enfants, parfois, ils ont envie d’autres choses. Ce genre d’activités est exactement ce qu’il leur faut »,

L’assistante sociale

En effet, les formateurs de l’association Feoko ont animé le centre à travers cinq activités : de la danse, du slam, du théâtre, de la photographie et de l’art plastique.

Chaque enfant a choisi son activité par lui-même, en fonction de leur envie et de leur rêve. Malgré une situation précaire ou un handicap, l’absence de parents et parfois de famille, ces enfants ont en effet des rêves. Certains veulent devenir docteur, d’autres président de la République, et d’autres : manager d’un centre pour enfants, comme la fondatrice de celle-ci : Neny Olga. Très motivés, ils ont donné leur maximum lors du gala où chaque activité a vu ses différents participants prendre part au show final.

« Ils étaient chaud, notamment Vendredi. Mais aujourd’hui, ils étaient plutôt timides, mais ont donné de leur mieux »,

Raminoarisedra Ny Manoa Kasia, Vice-Président de l’association Feoko, co-fondateur et formateur en slam.

Je peux en témoigner car en effet, quand le formateur criait « Chô chô chô ! », ils répondaient tous en chœur « Chô ! », à en casser les vitres de la maison, avec un sourire qui irradiait leur visage. Et hypersensible comme je suis, ça m’a donné envie de pleurer.

Felana Maitso, un centre né d’une volonté d’aider

Je n’ai pas eu le privilège de rencontrer Neny Olga, la fondatrice du centre Felana Maitso, malheureusement. Toutefois, je peux d’ores et déjà dire que c’est une femme qui avait, et qui a, une forte volonté d’aider.

En effet, le centre existe depuis 1990, et ne reçoit de financement d’aucun bailleur de fonds jusqu’à présent. Pour survivre, Neny Olga et le personnel font du porte-à-porte. Une des raisons pour laquelle l’association Feoko a aussi choisi de venir en aide à ce centre qui héberge 70 enfants, dont des nouveau-nés, des filles-mères, des autistes…

Je crois que je ne pourrai pas être plus reconnaissante envers la fondatrice, qui mérite une médaille, il faut le dire, mais aussi beaucoup de soutien et de support. Elle est forte, et elle mérite un peu plus que de simples éloges, comme je le fais maintenant. Donc je mets quand même ici en lien la page Facebook, pour vous qui souhaitiez contribuer au sourire de ces jeunes pousses du centre.

A propos de l’association Feoko

Enfin, en ce qui concerne l’association Feoko, je les connais depuis leur création, c’est-à-dire en Novembre 2020. J’ai eu le privilège de rencontrer le Vice-Président, Raminoarisedra Ny Manoa Kasia alias le slameur Feu Follet, l’an dernier. Quant à Miharitiana Andriamitantsoa, alias l’influenceur Enjana, Président et co-fondateur de l’association, on collabore depuis des années sur différents projets professionnels.

L’association Feoko lutte contre le harcèlement et la discrimination. Ils proposent différentes activités dont la slamothérapie, le théâtre, le développement personnel, la photothérapie, la musicothérapie, la dansothérapie, une cellule d’écoute et de sensibilisation. L’association compte actuellement plus de 100 membres. Elle a commencé à travailler avec le centre Felana Maitso depuis décembre 2020.