Chester Bennington: mobilisation hardcore des fans malagasy

Article : Chester Bennington: mobilisation hardcore des fans malagasy
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22 juillet 2017

Chester Bennington: mobilisation hardcore des fans malagasy

Ma page d’accueil Facebook est remplie de photos de fond noir, de photos d’un homme avec plusieurs boucles d’oreille, tatoué, le micro à la main… Je peux voir des « Rest In Peace » défiler sur ma page d’accueil… Ca me prendra trois secondes pour comprendre que Chester Bennington est parti, un jeudi 20  juillet 2017.

Mobilisation hardcore des jeunes fans malagasy

Je n’ai jamais vu ça de ma vie! Ce fut à la fois la chose la plus merveilleuse et triste que je n’ai jamais vu sur Facebook. Pluie de déclarations et d’hommages suite à l’annonce de la mort du chanteur Chester Bennington,  lead vocal du groupe de rock culte Linkin Park. Tous mes amis, qui sont pour la plupart de la génération 90, avec  une minorité moins et plus âgée,  viennent de publier leur tristesse quand à la mort du chanteur. Des amis avec qui je n’étais pas vraiment proches. De même pour mes meilleurs amis. Un sentiment hardcore de lien, de fraternité a émergé alors que je réagissais « triste » à chaque statut. Et d’ailleurs, la réaction « triste » ne suffisait plus. Il me faudrait un nouvel émoticone genre « bouleversé », « meurtrie », « brisée »…  En quelques minutes, ma page d’accueil est submergée de photos de cet illustre chanteur et de « RIP ». Sur la page officielle du groupe, j’ai pu entrevoir les commentaires des fans malagasy entre les commentaires d’utilisateurs Facebook d’autres nationalités. Tous se déclarent meurtris du suicide de Chester Bennington. La peine se fait sentir à un tel point que c’est difficile de contenir mes larmes…

– 🙁 Tu es une fan de LP n’est-ce pas?
– Oui… je suis déja au courant. J’ai le coeur brisé.

 

Hommage et multigénération

Est-ce que Facebook n’a jamais autant affecté auparavant, à Madagascar?… Même la mort de musiciens malagasy n’a été aussi pleurée. En même temps, les anciens « andrarezina » sont morts quand Facebook n’était pas encore assez populaire, et les nouveaux « andrarezina » sont encore tous en vie. Ce qui m’a étonné, c’est que la musique de Linkin Park ait  bercé autant de générations à Madagascar. J’ai ainsi pu lire le statut de mon présentateur TV préféré, Rija Tahiana, qui a annoncé sa grande désolation à la découverte de la nouvelle. Blanc, le batteur du groupe de pop rock malagasy culte Ambondrona, a troqué sa photo contre une photo de Chester sur scène, en osmose avc son public. J’écoutais Linkin Park depuis l’âge de 13 ans. Je faisais partie de cette génération « painky »(1) comme ils disent, mais j’en suis fière.  J’écoutais entre autres Linkin Park, Simple Plan, Avril Lavigne, Hinder, Kyo, et aussi Ambondrona, Michael Jackson, Olombelo Ricky, Mahaleo, Hilary Duff et plusieurs autres groupes d’autres genres. J’aimais le rock mais j’aimais aussi les autres genres. J’étais en classe de quatrième, et le titre « Numb » passait en boucle dans mon MP3.

Une identification à la musique

Chester Bennington était une icone musicale du rock. ©Linkin Park

Je me retrouvais dans la musique de Linkin Park. Car dans un pays meurtri par la haine, la corruption, et où les valeurs culturelles ont été troquées contre l’argent, ce genre de musique me permettait de me sentir comprise et moins seule. Une vision que des milliers de jeunes de l’époque partageaient, et c’est une des raisons pour laquelle l’immobilisation avait pris une telle ampleur. D’ailleurs, des fans s’identifiaient eux-mêmes à la musique et aux paroles. Des paroles qui reflétaient une jeunesse perdue, ici comme dans le monde. Perdu, peut-être à première vue dans un sens affectif, mais aussi émotionnellement, socialement et politiquement. D’ailleurs, les jeunes malagasy ont réagi plus vite à l’annonce du décès du chanteur qu’à tout évènement politique – qui leur désintéresse totalement d’ailleurs! Comme quoi, nous nous identifions plus à une icone musicale qui saura porter nos paroles et nos sentiments qu’à des politiciens qui ne savent même pas ce dont nous avons besoin.  Cela est valable à la fois pour les icônes musicales malagasy qu’étrangères.

(1)painky: surnom péjoratif pour nominer la musique « punk » à Madagascar
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