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Obtenir la CIN à Madagascar: une aventure déplaisante!

Obtenir sa CIN à Madagascar relève du parcours du combattant. Que dis-je?… Faire ses paperasses à Madagascar relève du parcours du combattant! Pour un jeune qui vient d’avoir ses 18 ans, les premiers pas au sein de l’administration malagasy peuvent être décourageants…


CIN: toute une histoire !

Si l’administration est sensée nous « faciliter » la tâche, c’est bien le contraire à Madagascar. Ils adorent nous la compliquer – bienvenue corruption! Rien que pour les documents à fournir, c’est toute une histoire! Il faut des papiers tels que le certificat de résidence et le bulletin de naissance, entre autres. Le problème, ce n’est pas vraiment les documents en eux-mêmes. C’est le temps et l’argent qu’il faut pour les réunir. Les bureaux administratifs sont éparpillés dans les quatre coins de la ville – et de l’île – selon leurs attributions, et ils n’ouvrent pas toujours aux heures de travail. A part que vous n’obtenez presque jamais vos documents au jour le jour, et parfois avec des fautes d’orthographe. Le problème avec la Carte d’identité nationale, c’est que c’est la première expérience administrative du citoyen qui fait ses premiers pas. La personne – sauf l’adulte qui fait un duplicata – entre dans un bureau administratif pour la première fois et ignore tout des procédures. Maman n’est plus là pour te guider, tu dois faire ta CIN tout seul! C’est qui qui avait hâte d’avoir 18 ans? Bon, après avoir passé une ou quelques jours de galère, voilà presque tous les documents en main… Presque… Il ne reste plus que la fameuse photo!

La fameuse photo

La photo, c’est un volet à part entière hein. Selon les « conseils » de l’administration, il faut que ta face soit bien « visible » et surtout bien moche! Pas de boucles d’oreilles, oreilles bien dégagées, pas de frange, pas de lunettes, pas de rouge-à-lèvres… Ah si, si tu as les lèvres trop rouges naturellement, il te faut un « rose-à-lèvres »! N’oublie pas de mettre un vêtement à manches longues qui t’arrive au ras-de-la-gorge. Et pour les filles, tirez vos cheveux en arrière jusqu’à ce que votre front soit bien visible et remplisse 1/4 de la photo. Ah, vous pouvez mettre des franges et des boucles d’oreille en fait, si vous « payez » gentiment le fonctionnaire

Si ça tourne mal.

Enfin nous voilà. Debout pendant deux heures devant le bureau régional pour entrer dans ce monde des « citoyens malagasy« . Au tableau d’affichage: « Nous ne recevons ceux qui veulent faire leur CIN qu’entre 9 heures et 11 heures 30. Distribution: chaque jour à partir de 13 heures 30 ». D’accord. Je passe une demi-journée ici aujourd’hui et éventuellement une autre dans la semaine, enfin, si tout se passe bien dès le premier entretien avec le fonctionnaire. Généralement ça se déroule comme suit:

Toi: Bonjour Madame / Monsieur!
La / Le fonctionnaire: … (préoccupé (e) dans ses documents et ne te regarde même pas)
Toi: … (tu ne sais pas trop quoi dire ou quoi faire)
La / Le fonctionnaire: Argent! (En tendant la main).

Tu lui donnes l’argent selon le coût fixé pour confectionner une CIN. (Pour info, tu paies entre 200 et 1 000 Ariary).
La / Le fonctionnaire: Documents! (En tendant la main)
Tu donnes les dossiers. Elle ou il y jette un coup d’oeil l’un après l’autre. Puis il regarde la fameuse photo où tu ressembles presque à un cheval. Il te scrute bizzarrement.
La / Le fonctionnaire: C’est toi?
Toi: …Oui.
La / Le fonctionnaire: Tu as mis du rouge-à-lèvres?
Toi: Non!
La / Le fonctionnaire: En plus tu oses me mentir… Tu es bien mal élevé. Tu reprends une photo. Ici, pas de rouge-à-lèvres. Tu reviens quand cette photo sera adéquate.

Les informations sur la CIN peuvent parfois être fausses, faute d’inattention de l’administration. © Tiasy

Si tout va bien.

SI avec un peu de chance tout se déroule sans accroche.
La / Le fonctionnaire: Tu as mis du rouge-à-lèvres?
Toi: Non!
La / Le fonctionnaire: Mmmh… Remplis ceci.
Il te donne une feuille que tu devras remplir scrupuleusement avec des trucs comme le nom de tes parents, ta nationalité, ta date de naissance,… Puis il te demande de te mettre debout devant un mètre-ruban déjà collé au mur pour relever ta taille. Il marmonne des mots inintelligibles et te demandes de te rasseoir. Il note des choses sur une feuille et il te demande de revenir demain, ou après-demain, ou la semaine prochaine, ou dans un mois, ou dans trois mois… Tu lui dis « Au revoir » et il ne te répondra pas.

Le jour où tu reprends ta CIN, tu te sens enfin délivré. Tu as réussi à franchir toutes les étapes et tu vas enfin gagner la « Coupe » tant attendu. Après une petite attente, tu entendras ton nom – ou des mots qui ressemblent à ton nom – épelés par un monsieur ou une dame. Tu prendras la clef qui te permettra de déverrouiller toutes les portes accédant au monde de l’ennui et du désespoir – je plaisante. Ou pas, xD. Et tu découvres qu’en fait tu mesures 1m51 et non 1m57, et que ta mère s’appelle Jules et non Julie…

 

 


Ma première fois à Diego !

J’ai visité la ville de Diego pour la première fois ! Je vais vous raconter en détails ma première visite de la ville de Diego-Suarez, aussi appelée Antsiranana, à Madagascar ! Vous allez en voir de toutes les couleurs, du voyage de plus de 1000 kilomètres en taxi-brousse à la visite de la Mer d’Emeraude ! En bonus, un portfolio de la ville et une vidéo de la route qui mène à Ramena !

30 heures de route Tana-Diego !

Une des particularités de cette expérience, je pense, c’est déjà le trajet. En effet, pour la plupart des touristes malagasy, pour visiter la ville de Diego qui se trouve à l’extrême Nord de la Grande île, il faut déjà subir les plus de 24 heures de route ! Non pas que l’avion n’existe pas à Madagascar – bien qu’il n’existe presque pas, lol – mais parce que les frais en taxi-brousse sont plus accessibles au pouvoir d’achat des malagasy. Les frais de voyage coûtent en effet 70 000 Ariary, soit environ  20 Euros.

Et croyez-moi, c’est déjà très cher pour une population dont la majorité vit en dessous de 2 Euros par jour. Pour être sûr d’avoir un siège bien confortable – bon confortable, le mot est trop fort, disons un siège qui permettra de ne pas avoir mal aux fesses pendant une semaine – il faudra réserver à l’avance(1). Ce qui est un exercice très difficile ! Puis, le jour du départ, vous devrez arriver une heure avant l’heure fixée pour que tous vos bagages soient installés, mais là encore, vous devrez attendre au moins deux heures avant que l’on n’embarque pour de bon. On appelle ça le « fotoan-gasy »(2) ! Une fois parti, vous pouvez jouir du paysage(3), ce qui est très plaisant !

Par contre, vous devrez vous cramponner à vos sièges car les routes sont assez dangereuses et le chauffeur ne respecte pas forcément la vitesse limite. Pour notre part, nous avons eu droit au deuxième plus lent taxi-brousse de la coopérative que nous avons choisie. Enfin, c’est ce qu’ont raconté les voyageurs « habitués » de cette coopérative. Il roulait environ à 40 kilomètres à l’heure sur une route toute droite et quand il s’arrêtait, le chauffeur prenait au moins une demi-heure de pause. Il était sûrement fatigué, mais tout de même, tous les taxi-brousses nous dépassaient. Si en temps normal, la route Tana-Diego fait environ 24 heures, nous avons mis 30 heures à arriver à Diego.

Nous avons quitté Tana à 17 heures si le départ était prévu pour 14 heures, et nous sommes arrivés à minuit le lendemain ! Ce fut horrible, surtout sur la portion de route Ambilobe-Diego qui fait plus de 100 kilomètres mais qui est en très mauvais état. Nous avons mis 5 heures pour faire ce mini-trajet, et mon compagnon de route sautait littéralement d’une place à l’autre à chaque nid de poule. Résultat : mal de fesses pendant une semaine !

J’attendais le départ à l’intérieur du taxi-brousse, de mon siège, je voyais ça! xD
© Tiasy – Mondoblog RFI

Diego : une ville calme, paisible, propre, avec quelques inconvénients.

Ce qui nous a gravement choqués, mon compagnon et moi – à part les 30 heures de voyage – ce fut la « calmeté » (4) de la ville. Et je pense que « calme » n’est même pas le mot ! C’est plus que cela, c’est une ville où, en cas de rupture de couple, tu peux te recueillir et faire une « recollection », comme le disent les religieux. Entre midi et 14 heures, la ville est endormie. Presque tous les restaurants sont fermés, les ruelles sont vides. Tout le monde dort ou prie, car la majorité des habitants de Diego sont musulmans.

De même à partir de 18 heures ou c’est le calme plat. Ça fait presque peur ! Sinon, la ville est très propre, bien plus qu’Antananarivo, la Capitale. Toutefois, les gens sont moins sympathiques. En effet, si tu ne parles pas leur dialecte – car il y a différents dialectes pour différentes régions à Madagascar – ils ne te parlent pas, tout simplement. Ils te répondent par un « valy boraingina » (5). Par contre, ils parlent très bien le français et ils apprécient beaucoup les étrangers –pas nous hein, mais ceux des autres pays, xD !

J’en ai fait l’expérience, car nous avions été accompagnés par un ami étranger avec nous là-bas. Ils étaient très sympathiques envers nous quand nous étions avec lui mais quand on n’était que deux Tananariviens à traîner ensemble, les gens étaient moins accueillants. Sinon, l’administration là-bas, c’est mort. Il n’y a rien, ils ne foutent que dalle. Un fonctionnaire a dit que c’était surtout à cause du fait que le gouvernement se préoccupait moins des Provinces et se centrait sur la Capitale. D’ailleurs, à ce propos, fonctionnaires comme simples citoyens se sentaient « abandonnés ».

Ramena, mon paradis !

Mon séjour à Diego a été illuminé par ma visite de la plage de Ramena. C’est un petit paradis qu’il faut absolument visiter. Enfin, à condition de vouloir parcourir les 15 kilomètres qui séparent la ville de la plage, et de vouloir dépenser 12 000 Ariary dans un seul plat, avec le soleil qui vous brûle, presque littéralement. Pour ma part, toute cette petite aventure ne me déplaît par car je suis une fanatique de la longue distance et du soleil.

Je peux bronzer au soleil pendant des heures sans obligatoirement « bronzer », lol, et sans me sentir envahie par cette bouffée de chaleur que tout le monde déteste. D’ailleurs, je suis triste à cahque fois que je quitte la mer. Notamment celle-ci, la Mer d’Emeraude, qui a une couleur « émeraude » qui m’inspirerait d’écrire sur n’importe quoi rien qu’en la regardant, et qui ressemble à un petit paradis grâce à la vue du « Pain de Sucre ».

Le Pain de Sucre de Diego Suarez, vue de la route Ramena. J’ai pris cette photo dans le taxi-brousse, d’où la mauvaise qualité…
La plage de Ramena.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une fois le dialecte Diego bien acquis, je m’installerais volontiers là-bas. Bref, je vous ai partagé cette expérience, premièrement parce que ça me passionne. Deuxièmement, parce que je voulais un peu changer de mes textes pessimistes sur les réalités à Madagascar, et montrer qu’il y a aussi de très belles choses dans ma chère et tendre île. Enfin, c’est pour une petite pub pour les touristes ! A bientôt pour un nouvel édito de Tiasy ! 🙂

Bonus: la vidéo de la route vers Ramena!

J’ai pris plaisir à prendre une vidéo d’une portion de la route qui mène vers la plage de Ramena. Vivez l’ambiance du taxi-brousse avec sa musique tropicale et le son d’ambiance unique des chaises et du moteur! 😀

(1) Vous devez vous rendre à la Gare routière des transporteurs nationaux à Ambodivona et trouver une « bonne » coopérative qui vous garantira que vous serez installé assez confortablement sur une rangée de 4 personnes – et non 5 ou 6 – dans un Sprinter qui serait régulièrement entretenu, mécaniquement parlant. Ils vous rembourseront si vous décidez de ne pas partir à la dernière minute. Ils vous garantiront aussi que le taxi-brousse partira bien à l’heure – mais ça n’arrive presque jamais !
(2) « fotoan-gasy » : les malagasy ont la mauvaise manie de toujours être en retard, et cela au moins d’une demi-heure. C’est connu, c’est presque une coutume, et c’est fortement déplaisant.
(3) Madagascar est connu pour son paysage sans pareil, c’est la meilleure destination touristique de l’Océan Indien!
(4): « calmeté »: ce mot n’existe pas
(5) « valy boraingina » : expression malagasy pour décrire une réponse qui est courte, peu claire, dite avec un ton tranchant et énervé.


Portfolio de la ville de Diego!

Quelques photos de mon passage de la ville de Diego! Notamment de la plage de Ramena! C’est peu mais vous pouvez avoir un avant-goût de la plus célèbre ville du Nord de Madagascar!


Madagascar : quand les entretiens d’embauche deviennent une arnaque

Vous avez déjà vécu un ou plusieurs entretiens d’embauches à Madagascar? Quand quelqu’un vient de subir un entretien d’embauche, il a dans la tête une somme colossale après des heures de dur labeur… Toutefois, sachez à quoi vous en tenir après un entretien d’embauche à Madagascar. Essayez de clarifier la théorie ci-dessous avant de vous lancer ! 

 

Entretiens d’embauche : tout est théorie !

Photo prise sur Flickr
Le contrat peut s’avérer être un piège pour le travailleur.

Les discussions dans les entretiens d’embauche semblent parfaites : limitation des travaux à faire, horaires, rémunération… Tout semble tenir debout ! Tu feras huit heures de travail par jour – c’est la loi à Madagascar – et tu gagneras une rémunération équivalente. En cas d’heures supplémentaires, tu te feras payer plus et tu seras « raccompagné par le personnel » en cas de travail de nuit. « Bien sûr, les heures supp, ça n’arrive que deux à trois fois dans le mois ! », rassure le Directeur des ressources humaines (DRH), très gentil et souriant. En cas de déplacements imprévus, tu auras une indemnité conséquente… « Après un an de travail, vous pourrez prendre congé, selon le Code du travail », stipule-t-il en étalant ses connaissances en la matière… La grosse arnaque, c’est le volet qui t’expose ce que tu auras à faire. Par exemple, lors d’un entretien d’embauche de journaliste. « Vous devrez traiter de la rubrique Social exclusivement. Vous écrirez trois articles par jour sur différents sujets du domaine social, en français ». D’accord, cela semble convenir. Puis vient la phrase-clé : « Vous êtes libre de suite pour commencer ? » En tant que candidat qualifié et retenu, qu’y a-t-il de mieux que d’accepter ! « Oui », répondras-tu avec un sourire.

Rien à voir avec cette théorie !

Sauf qu’une fois dans le système, tu découvres que toute cette discussion qui avait duré quinze à vingt minutes dans une salle conviviale et climatisée n’était qu’une arnaque. En un mois, tu deviens le nouvel esclave de ce système qu’on appelle le capitalisme et la société de consommation, qui t’oblige à produire plus pour gagner peu… Le chef/patron/boss ou  je-ne-sais-plus-qui, parfois ton propre collègue qui profite de son « ancienneté », t’obligera à faire TOUT le travail. Et quand je dis TOUT, je n’exagère pas ! Lors de ton entretien d’embauche, on t’avait dit que tu occuperas juste un poste, eh bien non ! Tu occuperas deux à cinq postes. Tu seras à la fois comptable, gestionnaire, agent administratif, consultant juridique, gardien, et parfois encadreur de stagiaire – ça m’est arrivée plusieurs fois ! C’est super, tout ça. Tu auras plus d’expériences que tu n’en auras jamais eues en cinq ans de travail. Mais ta rémunération restera toujours équivalente à une seule fonction. Les heures supp… Apparemment le « deux à trois fois par mois » signifiait « deux à trois fois par semaine ». Le « raccompagnement par le personnel » la nuit, il existe mais seulement ce sera dix personnes dans une voiture pour cinq places, ou tu peux toujours marcher à pieds ou prendre un taxi vers 22 heures… Les indemnités… Elles n’existent pas. Ou si mais elles seront soustraites de tes avantages sociaux ou je-ne-sais-plus-quoi ! … De même pour la rémunération. Donc la belle somme que tu avais en tête, elle sera réduite de 5 à 10%, parfois plus…

Un Code du travail freestyle

Le Code du travail, il existe seulement quand il peut servir d’intérêts. Un exemple facile à comprendre : tu n’auras droit aux congés qu’après deux à trois requêtes auprès de ton patron, mais en cas de démission, tu devras quand même terminer ton préavis et éventuellement, les congés seront payés au solde de tout compte. Tout ça sous-prétexte du manque d’effectif… De plus, à Madagascar, le Code du travail, peu de gens le connaissent. On en entend souvent parler mais on ne sait jamais vraiment ce que cela contient. Puis chacun l’arrange comme il l’entend ! Les inspecteurs de travail, ils descendront sur terrain seulement si tu leur auras donné un petit « pourboire ». Ou pire, ils resteront dans leurs bureaux parce que votre patron lui verse un petit pourboire de temps en temps pour éviter que toutes les fraudes de l’entreprise ne soient révélées au grand jour. Sinon, à l’école, on apprend des tas de choses mais rien sur le Code du travail, ni sur la rédaction d’un contrat, ni rien de ce genre… Donc les jeunes diplômés ils entrent dans le monde du travail avec zéro connaissance sur les paperasses mais une panoplie de diplômes. Triste réalité. Pour les femmes, l’entretien d’embauche n’est pas difficile d’ailleurs. La plupart du temps, ça associe entretien d’embauche et rencart avec le patron https://tiasyraconte.mondoblog.org/2017/06/01/madagascar-corps-monnaie-courante/. Et au diable le Code du travail ! Le corps et l’argent priment, et cela semble tout-à-fait normal. Ça fait même partie des « règles » de la société actuelle… Je ne mentionne plus ici les retards de paiement qui dépassent les 10 du mois et qui accumulent parfois plusieurs « 10 du mois »…

 


Madagascar : le corps devient monnaie courante

Il y a deux sortes de monnaie à Madagascar : l’Ariary, la monnaie malagasy, et le corps humain. Toutes les deux courantes et utilisées pour atteindre des objectifs fixés…

Le corps, monnaie d’échange!

Ce n’est pas nouveau, on le sait. User de son corps pour faire fortune est un fait qui existe depuis la nuit des temps, à Madagascar comme ailleurs. La différence se situe au niveau du degré d’utilisation de ce « corps ». Oui, parce qu’ici, tout le monde s’y adonne : fille comme garçon, jeune comme vieux, prostituée comme collégienne. Ce sujet est un sujet plus ou moins tabou – surtout à Madagascar -, mais je dois en parler ! Corps comme monnaie d’échange, pauvreté oblige ! Je me souviens d’une copine d’un de mes amis, elle sortait avec mon ami le jour et se prostituait la nuit… Elle avait 14 ans. Ceci est un fait comme un autre, mais il y en a de plus choquant encore !

Exemple :
Fanja – ceci est juste un nom hein ! – est réceptionniste dans une grande entreprise depuis trois ans. Elle a 32 ans, mariée, deux enfants. Son salaire ne lui permet pas de vivre. Son directeur et elle ressentent une attirance réciproque l’un pour l’autre depuis quelque temps déjà. Un soir, après le travail, elle décide d’aller le voir pour lui demander une augmentation. Le directeur lui dit qu’elle ne peut avoir d’augmentation, mais il lui annonce qu’elle peut jouir « d’autres avantages » si elle accepte de le « satisfaire » en échange. Fanja accepte…

Téléphone rose et shooting

Aujourd’hui, pour de nombreuses jeunes filles, vendre son corps se fait de plusieurs façons. Elles ne sont pas obligées de recourir à la prostitution. D’autres moyens de vendre son corps existent. Et d’ailleurs, le développement actuel de la technologie permet ces alternatives. Donc voilà « A » – arrêtons d’utiliser des noms – qui va candidater au poste de téléopératrice dans un call-center de la capitale. Les call-centers, c’est un domaine en plein développement – pour ne pas dire qui se développe le plus – actuellement dans la Grande île. Lors de l’entretien, le patron lui dit qu’il s’agit d’un poste de téléopératrice pour téléphone rose et que les sujets tournent essentiellement autour du sexe. C’est bien payé et le visage ne sera pas découvert. Par contre, il se peut que vous soyez obligées de prendre des photos osés de vos parties intimes pour les envoyer à un client…

« B » est une jeune fille de 16 ans dont la vie n’est pas vraiment « haut de gamme ». Comme toutes les jeunes de son âge, elle voudrait avoir un beau téléphone, de jolis vêtements et pouvoir sortir avec ses amis. Seulement, elle n’a pas d’argent. Sur Facebook, un jeune homme lui envoie un MP lui demandant de poser pour des photos. En contrepartie : une petite « collation » et éventuellement quelques avantages…

Animation de vente et massage

L’animation de vente : le deuxième domaine le plus développé après les call-centers. Le meilleur moyen de se faire repérer, comme en témoignent les animatrices, c’est d’intégrer les agences de recrutement. Il vous suffit d’envoyer une photo (une de buste avec portrait et une photo sur pied), avec votre taille, vos mensurations, vos « expériences »… Et vous vous faites engager comme hôtesse dans ces « salons VIP » ou « escort-girl ».

Je ne vais plus reprendre ici le sujet des « masseuses » qui ont fait couler beaucoup d’encre dans les journaux malagasy, quand un homme religieux ou politique se fait prendre entrain de se faire « masser » dans un hôtel privé… Et cela ne concerne pas que les filles, les hommes aussi s’y mettent. J’ai vu des annonces pour le recrutement de « masseur »… Quelle horreur ! Le pire, c’est que de nombreuses jeunes filles et de nombreux jeunes hommes se font prendre par ces « jobs » qui semblent bien payés.
Chers compatriotes, je sais que la vie est dure. Je sais que trouver de l’argent est vraiment difficile de nos jours. Je sais que c’est dur de se faire rabaisser parce qu’on n’a pas d’argent, parce qu’on est pauvre. Mais n’usez jamais de votre corps pour gagner de l’argent, peu importe la forme dont vous devez en user…

Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas me mettre à faire une leçon de morale. Brisons les règles, plutôt ! 🙂

 

 


5 pensées possibles seulement en fin de journée !

Cinq pensées obsessionnelles qui m’empêchent de dormir… Je ne sais pas si je suis la seule à faire des réflexions sur ma journée ou de ma semaine, vers 21 ou 22 heures… Quand j’ai l’impression que mes pensées m’engloutissent au fond de mon lit…

« J’aurais dû lui répondre… »

Je me dispute avec un con au bureau, en reportages – je suis journaliste – , avec une personne qui n’est pas vraiment un ennemi mais pas vraiment un ami aussi… Il conclut la discussion par une réplique tranchante, il dit quelque chose qui semble censé sur le moment parce qu’il joue avec mes émotions… Et je ne trouve pas la bonne réponse à dire. Parfois je ne dis rien même… Puis, à la fin de la journée, quand je sens que le sommeil est en train de monter et que je suis dans mon lit à attendre le marchand de sable, la réponse « adéquate » me vient en tête -_-  « J’aurais dû lui répondre blablabla truc-machin-chouette-extra-chouette », me dis-je. Avec l’écho dans ma tête qui semble bien plus forte que moi émotionnellement, et qui donne hyper-envie de répondre : « Pourquoi tu ne m’as pas soufflé ça ce matin ? »…

« Ah oui ! Voilà la solution ! »

Ça fait plus de dix heures que je n’arrête pas de me retourner l’esprit pour tenter de trouver une solution à mon problème. Je n’arrive pas à me décider et ça commence vraiment à devenir pesant… Le pire c’est que personne ne peut m’aider parce que je suis la seule à pouvoir résoudre ce problème. En une fraction de seconde, Estrella – c’est le nom du petit avatar dans ma tête – me siffle la solution. « Et si tu blablabla chdhaidoadkakdokdokoako…. » -Ah oui ! Voilà la solution ! ça ne peut que marcher ! Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ?

« Ça me manque, tout ça ! »

Mes pensées m’engloutissent. ©Amilie Panache

Si pendant la journée, tout a l’air plus facile, la nuit, nos pensées les plus profondes refont surface. « Tout commence vers la fin de l’après-midi, en début de soirée. La journée touche à sa fin, vous avez vaillamment lutté contre vos angoisses dans la journée » […]  Des sentiments qui semblent importer peu, deviennent d’un coup le sens de toute une vie. Puis Estrella qui ne pouvait pas s’empêcher de dire la phrase-clé : « ça me manque, tout ça ! » Alors vient le moment où tu réalises à quel point une réalité ou une imagination t’affecte…

« C’est dans le coffre au grenier! »

« Je n’arrive pas à retrouver l’ancienne batterie de mon téléphone alors que l’actuel est en piteux état… Je n’ai pas envie d’acheter une nouvelle batterie et je sais que l’ancienne sert encore. Mais où diable l’ai-je mis ? Je l’ai cherché depuis des jours, je n’arrive pas à la trouver. Bon, je vais dormir… Je verrai ça demain… » – C’est dans le coffre au grenier ! « Mmmh ? »… J’ouvre doucement les yeux. « Ah ouiiiiiiiiii ! » Me voilà partie pour me précipiter au grenier à 23 heures !… -_-

« Je vends ma voiture. »

Papa n’a jamais dit tout haut qu’il en avait marre de sa voiture… Encore moins qu’il voulait avoir une nouvelle Suzuki… Apparemment, cette voiture semble tout-à-fait lui convenir. Puis, un beau matin, il annonce en petit déjeuner de famille : « Je vends la voiture. » Il l’annonce sur le ton de la décision, et vous n’avez plus àdiscuter. Où a-t-il pu penser à tout cela ? En fait, son Estrella à lui ne cessait de marmonner sur la voiture et ça, depuis déjà des semaines. La pression était tellement grande que c’en est devenu un conflit interpersonnel… La nuit, tout s’aggrave et une conclusion a fini par pointer le bout de son nez.

Et vous, vous pensez à quoi la nuit ?